La promotion de la santé : un enjeu stratégique incontournable pour les entreprises responsables

La promotion de la santé est un enjeu actuel et futur au cœur de la responsabilité sociétale des entreprises. Cette tendance devrait s’affirmer dans les prochaines années avec le déploiement de l’approche « One Health » et les nouvelles évolutions réglementaires en matière de reporting RSE.

La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) se définit comme l'intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales liées à leur activité économique et leurs relations avec les parties prenantes.

Les lignes directrices de la norme ISO 26000, standard international, articulent ainsi la RSE autour de 7 piliers.  Au-delà des problématiques environnementales, la RSE englobe plus largement les enjeux de gouvernance, de droit humain, de prévention et de lutte contre la corruption, de protection des droits, de la santé et de la sécurité des consommateurs ainsi que des questions sociétales liées au développement local des territoires dans lesquelles l’entreprise opère. La RSE prend surtout en compte des sujets sociaux comme la qualité de vie, la santé et la sécurité au travail qui correspondent à des préoccupations de plus en fortes pour les salariés et les parties prenantes, notamment depuis la crise sanitaire du COVID.


La RSE, un levier stratégique d’engagement et de performance sociale 

Bien plus qu’un outil de communication, la RSE doit avant tout être considérée comme une démarche stratégique pour les entreprises qui sont de plus en plus appelées à relever le défi de la rentabilité et de la durabilité de leur business model dans une économie mondiale visant l’objectif zéro-carbone.

Sur le plan social, la RSE est également un élément du dialogue avec les parties prenantes qui contribue à renforcer la marque employeur, et constitue un puissant levier pour engager les collaborateurs, attirer de nouveaux talents ou fidéliser les clients.

Ainsi, selon les résultats du dernier baromètre RSE du MEDEF publié en 2022 :

  • La santé/sécurité reste un sujet de RSE prioritaire pour 74% des salariés, et la qualité de vie au travail (QVT) une préoccupation pour 72% des salariés ;
  • `79% des salariés travaillant dans une entreprise avec une fonction RSE y travaillent toujours 3 ans après contre 70% pour l’ensemble des entreprises.

Un récent sondage en ligne réalisé en juin 2023 par Santé en Entreprise (SEE) auprès de 65 Managers RH, RSE et HSE issues de 40 entreprises opérant en Afrique confirme cette tendance:

  • 93% des managers interrogés affirment que le lieu de travail est  un territoire privilégié pour proposer des services de prévention santé, de conseil et de dépistage (puis d'orientation vers un suivi médical de qualité).
  • Pour 93% des sondés également, le programme de promotion de la santé doit s’inscrire dans la feuille de route  RSE de l’entreprise afin de répondre au besoin de reporting RSE,  de mesure d’impact, et d’évaluation de contribution de l’entreprise à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD)
  • Plusieurs bénéfices pour l’entreprise sont associés à la mise en œuvre d’un programme  de promotion de la santé en milieu de travail : l’amélioration de la qualité de vie au travail (94%); la réduction des dépenses curatives et l’optimisation du budget santé de l’entreprise (88%) ; la baisse de l’absentéisme lié aux arrêts maladies (88%) ; un meilleur accès des employés à des services de prévention pendant les heures de travail (75%) ; la hausse de la productivité (75%) ; Un engagement accru des employés (69%) ; le renforcement de la marque employeur (62%)

Par ailleurs, ne perdons pas de vue que les récentes évolutions réglementaires créent de nouvelles obligations pour les entreprises en matière de reporting RSE.


Vers de nouvelles obligations de reporting RSE plus exigeantes 

L’actuelle directive européenne NFRD (Non Financial Reporting Directive) oblige déjà les entreprises de plus de 500 salariés à établir chaque année une Déclaration de performance extra-financière (DPEF).

L’objectif de la DPEF est de décrire les principaux risques liés à l’activité de l’entreprise et les actions mises en place pour les prévenir et atténuer leur impact. Les entreprises doivent intégrer dans cette déclaration leur analyse des principaux enjeux sociaux (emploi, organisation du travail, santé et sécurité, conditions de travail, égalité femmes-hommes…), environnementaux (déchets, pollution, changement climatique, émission…) et sociétaux (impact  sur les  communautés…) ainsi que les leviers pour y répondre.

A partir de 2024, la nouvelle directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) s’appliquera aux entreprises cotées qui ont plus de 500 salariés, et plus de 40 M€ de chiffres d’affaires et/ou 20 M€ de total de bilan.

Elle sera ensuite étendue à partir du 1er janvier 2025, à toutes les autres grandes entreprises européennes, qui remplissent 2 des 3 critères suivants : 250 salariés, 40 M€ de chiffre d’affaires ou 20 M€ de total de bilan.

Enfin, à partir du 1er janvier 2026, elle s’appliquera aux PME cotées sur un marché règlementé, à l’exception des microentreprises.


Que peuvent faire les entreprises pour intégrer la santé dans leur feuille de route RSE ?

Plusieurs actions peuvent être mises en place par les entreprises ou leurs fondations pour promouvoir la santé. Voici quelques exemples :

  • Des journées thématiques de sensibilisation sport-santé pour combattre la sédentarité et des bilans de santé sur le lieu de travail afin d’agir en faveur du bien-être des salariés.
  • Des actions de prévention santé destinées aux communautés locales au travers par exemple de campagnes digitales de sensibilisation, ou des Caravanes santé de conseil-dépistage multimaladies.
  • Des programmes d’innovation pour soutenir des startup développant des solutions e-santé prometteuses afin de les accompagner vers l’accélération.
  • Des programmes de soutien à des entrepreneurs sociaux ou entités de l’économie sociale et solidaire offrant des produits et services innovants en matière de prévention, d’accompagnement psychologique ou de financement des soins,
  • La participation à des projets de Partenariat Public Privé  afin de renforcer les capacités des systèmes locaux pour prévenir et se préparer à de futures crises sanitaires.

Dans ce sens, l’approche « One Health » fournit à tous les acteurs engagés une vision structurée pour agir dans le cadre de leur démarche RSE, afin de mieux articuler les enjeux environnementaux, sanitaires et sociaux.

Il reste encore à mobiliser les Chefs d’entreprises et à diffuser les contenus, supports et outils pour inciter les entreprises, les investisseurs et les fondations à intégrer la santé dans leur feuille de route RSE.

A suivre.

Erick Maville, Directeur Général de Santé en Entreprise (SEE)